À Naples, Giuliano Dell’Uva, architecte, réinterprète un intérieur du XIXe siècle. Appartenir à ce lieu est fondamental dans ce projet, puisqu’il raconte l’histoire d’une famille et de son palais éclectique, établi dans la rue Liberty du quartier Chiaia. L’architecture de la fin du XIXe renferme plus de cent trente années d’artefacts et de souvenirs, qui cohabitent aujourd’hui avec des pièces de créateurs des années 1960 et 1970, comme Paulin, Mangiarotti, Sottsass, Albini. Les variations de matières et les scénographies théâtrales imaginées par Giuliano Dell’Uva offrent un caractère contemporain à ces espaces. « Chacune de mes interventions est ouvertement différente du contexte, que ce soit dans la forme, les matériaux et les couleurs. J’actualise, j’allège, je mets en valeur sans pour autant verser dans le faux historique. Je me suis montré catégorique, j’ai peint la moitié de l’espace, y compris les meubles ; dans la partie inférieure, le passé est resté intact mais, plus haut, le présent fait irruption par les couleurs », explique l’architecte. Dans ce projet, il a fait le choix d’un salon formel rendu délibérément anachronique, en mélangeant des pièces d’antiquité et des souvenirs, de lourds meubles sculptés, de délicates porcelaines un peu ébréchées, des portraits aux airs sévères et aux cadres dorés, mais « remis au goût du jour par un jeu de camouflage du canapé d’époque recouvert du même tissu moiré que les tentures ». C’est un moiré libre baptisé « Amoir Fou », à la couleur « Turchese». « C’est un ton semblable au bleu de Pouzzoles. Vitruve disait qu’il était produit à partir de sable fin du bord de mer et de baies orientales », raconte Giuliano Dell’Uva.